La Fievre de Yaso !

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Ici a Yaso il s'en passe, et toujours plus ! La semaine prochain, les derniers enfants reprendront l'ecole, le 1er octobre. Cette semaine deja, ce sont les maternelle et les ados qui ont repris – du coup on n'avait plus qu'une vingtaine de 6-12 ans a la maison, mais il est toujours hors de question de se reposer !! Et c'est tant mieux !

Un medecin francais a passe la semaine au centre, et pres de 150 patients ont pu beneficier de ses vastes connaissances. Venus des villages environnants pour voir le Moh Farang, le docteur blanc, bien des gens sont venus raconter leurs mal de dos, de hanches, et les sempiternels problemes de pieds... pas trop etonnant quand on passe sa vie courbe a patauger dans les rizieres, non ? Sur le tas, il y en a quand meme pas mal qui avaient bien besoin d'etre auscultes, et c'est genial de se dire que la vie entiere de quelques personnes se retrouve amelioree par quelques jours de boulot offerts... sans oublier les massages et saunas, specialites du Munithi !


Jusqu'a la fin de la semaine, Pi Tiou etait en camp, avec une dizaine de nos 10-12 ans. Ce camp etait pour plus de deux cents ados et etudiants, de 17 a 19 ans a peu pres. Ils avaient tous des parcours tres differents, depuis les drogues a la high-society, en passant par ceux qui avaient souffert des reseaux de prostitution, et le but de la rencontre emaillee d'activites en tous genres etait de partager un peu son passe, debattre sur le present, et surtout construire aussi un futur ensemble, et tant mieux si on est differents ! Bien sur, nos petits juniors sont vite devenus les mascottes des groupes qu'ils avaient integres, chouchoutes et portes par tous les plus grands au cours des discussions et des jeux. Pi Tiou leur avait laisse entiere liberte sur ce qu'ils avaient a dire, les considerant malgre la difference d'age comme des participants officiels du camp, aussi tous avaient-t-ils tu le fait qu'ils aient le sida... Le dernier jour, sur la scene, au cours d'une matinee un peu recapitulative des echanges, nos petits ont porte les temoignages les plus prenants au microphone. La petite Mai (pas malade, elle, "seulement" orpheline...) a failli fondre en larmes de joie quand elle racontait combien elle etait heureuse d'avoir rencontre autant de personnes qui l'aimaient, qui etaient devenus ses amis. Et Nong Nam a remue les coeurs avec ses reves pour le futur : "Moi, quand je serai grande, je voudrais etre infirmiere. J'aimerais pouvoir aider les gens a vivre mieux et plus longtemps.... mais le gouvernement me donnera-t-il un poste d'infirmiere, si je suis seropositive ?"


Gros silence, les gens comprennent alors que leurs nouveaux amis, les petits chouchoux, sont malades, comment ca se peut, ils sont si pleins de vie ? Et d'accepter que le sida, ca n'est pas synonyme de mort, que ca n'est pas synonyme de honte... et alors de revoir un peu leurs fiches et idees sur comment ils consideraient non pas la maladie, mais les malades pour eux-memes ...

Plutot positif pour le futur, non ?